Travailleur autonome VS salarié : leurs différences, leurs avantages, leurs inconvénients

Par Bruno Maniaci
travailleur autonome ou salarié

La montée du travail autonome ces dernières années et le développement du télétravail notamment durant la pandémie remettent en question les schémas de travail classiques, restructurant le marché du travail actuel.

Et vous vous posez peut-être la question aujourd’hui : quel est le meilleur choix de carrière pour vous ?

Employé ou travailleur indépendant? Devenir son propre patron ou être au service d’un patron ? La liberté ou la sécurité ?

Quels sont les avantages et inconvénients de devenir un travailleur autonome, et ceux d’un employé ?

Comment s’orienter vers un statut plutôt qu’un autre ? Quelles sont les implications au niveau des impôts, des avantages sociaux, de la sécurité d’emploi, des finances ou encore des conditions de travail ?

Dressons un comparatif non exhaustif de ces deux statuts très différents, mais qui peuvent concerner le même métier.

 

Quelle est la différence entre un travailleur autonome et un salarié

Il convient tout d’abord de rappeler comment ces deux statuts se définissent.

 

Statut de Travailleur Autonome : Vous travaillez à votre propre compte. Vous n’avez aucun lien de subordination avec votre client, vous facturez vos prestations de travail à votre nom.

Vous encaissez les revenus à votre nom directement dans votre compte, et vous paierez un impôt sur ce revenu après votre déclaration de revenu.

Vous êtes responsable de votre compagnie à 100%, et vous avez la propriété des outils de travail.

 

Statut de Salarié : Vous travaillez pour le compte d’un employeur. Vous êtes liés à un employeur par un contrat de travail définissant vos conditions de travail : tâches, horaires, etc.

Les moyens de travail sont fournis par l’employeur. Votre salaire brut est prélevé directement à la source et vous percevez le salaire net, après la déduction d’impôts.

Votre employeur paye des cotisations salariales, et vous bénéficiez d’avantages sociaux (assurance collective, congés payés, etc)

 

Travailleur autonome VS salarié

Attention à la détermination du statut : Il arrive parfois des zones grises, certains contextes professionnels où définir si vous êtes travailleur autonome ou salarié aux yeux de la loi peut être flou.

Comme par exemple si vous allez travailler dans les locaux de l’entreprise qui vous paye, mais avec votre ordinateur et avec vos propres horaires. Etes-vous un indépendant ou un employé ?

Il est important de bien pouvoir déterminer le statut et de ne pas être dans une situation illégale pouvant être lourde de conséquences, que ce soit du côté de l’employeur ou de l’employé / travailleur.

N’hésitez pas à consulter le guide de Revenu Québec pour déterminer votre statut de travailleur.

 

Les avantages et inconvénients

1 – Les avantages du travailleur autonome

Indépendance totale : Vous facturez vos services à votre client, à votre nom.

C’est vous qui gérez tout de A à Z, pas d’intermédiaires, d’actionnaires, pas de zones inconnues, vous êtes en contrôle total de tout ce qui se passe dans votre activité, des dépenses aux profits qui sont directement à votre charge.

Chaque décision, chaque changement, chaque intervention est entre vos mains.

C’est la définition même de l’indépendance et de la liberté, qui attire beaucoup de monde vers le statut de travailleur autonome.

Au Québec en 2019, on comptait près de 568 000 travailleurs autonomes, et environ 15% de la population active au Canada.

 

Flexibilité des horaires et du lieu de travail : Selon la nature de votre activité, vous pouvez choisir le temps que vous y consacrez, et surtout l’horaire de travail.

Des conditions de travail idéales pour concilier vie familiale et travail par exemple. Vous pouvez vous adapter aux horaires de vos enfants, de l’école et de leurs activités, et travailler sur vos contrats le soir ou la fin de semaine.

Cette flexibilité horaire peut aussi être intéressante pour développer un projet en parallèle d’un autre travail, à temps plein ou à temps partiel.

Avec une bonne organisation, cette liberté du temps de travail peut-être un vrai changement de vie

 

Travailler de la maison : Enlever le « métro » dans « métro-boulot-dodo » ? Surtout quand une porte bloquée cause un ralentissement de service sur la ligne orange en direction Côte Vertu ?

C’est le rêve qui attire beaucoup de travailleurs autonomes : se débarrasser de la contrainte du lieu de travail.

Travailler de la maison permet d’éviter les déplacements en auto ou en transports en commun, sauver du temps et de l’argent.

C’est aussi un avantage pour voyager, aller visiter des amis ou de la famille dans d’autres villes ou même d’autres pays.

Si votre activité professionnelle le permet, votre ordinateur et une connexion internet seront les clefs de votre liberté de lieu de travail.

 

Choix des missions de travail et des clients : Un autre avantage de l’indépendance, c’est de choisir la nature de vos contrats de travail, de pouvoir privilégier des projets qui vous tiennent à cœur, ou des missions pour lesquelles vous savez que votre performance sera optimale.

Vous pouvez également vous permettre de choisir vos clients, de travailler avec un certain type d’entreprise ou de particuliers qui vous intéressent plus, avec lesquels vous avez plus d’affinités.

C’est un luxe qui attire beaucoup de travailleurs autonomes, lorsque cela est possible : être sélectif sur la nature de ses contrats, et sur les gens avec lesquels on travaille.

 

Déduction de dépenses personnelles liées à l’activité : travailler à son compte, c’est bénéficier de certains avantages fiscaux, comme pouvoir déduire ses dépenses liées à l’activité exercée.

Comme par exemple une partie de votre hypothèque et de vos factures si votre bureau est à la maison.

Vos déclarations d’impôts seront aussi relativement simples comparées à celle d’une société incorporée.

 

2 – Inconvénients du travailleur autonome

Pas garantie de stabilité de revenu : un travailleur autonome doit lui-même trouver ses contrats, ses clients.

Ainsi, le nombre d’heures travaillées et les revenus générés ne sont pas stables ni garantis, tout dépend des contrats de travail trouvés.

 

Peu d’avantages sociaux : Un travailleur autonome est à ses frais, comme il ne paye pas de charges sociales, il ne peut pas bénéficier de programmes d’assurance collective comme un employé d’une entreprise : l’assurance maladie et médicaments, l’assurance emploi en cas de chômage, les cotisations retraite.

Il devra parfois dépenser plus et prévoir, s’organiser avec des assurances privées pour se protéger.

 

Pas de congés payés : Encore une fois, qui dit autonomie et indépendance ni prise en charge de tous les frais.

Un travailleur autonome n’a pas de congés payés, il peut seulement compter sur son épargne.

Certes, il peut décider de prendre 6 mois de congés au lieu de 2 semaines par année, mais ils seront à sa charge et à ses frais.

 

Capacité de crédit et emprunt : Aux yeux d’une banque ou d’une société de financement, ‘assurance, un travailleur autonome est plus à risque, car il n’a pas de garantie financière.

Il est donc parfois plus difficile d’obtenir une carte de crédit, d’être admissible à un prêt ou encore un financement pour une maison.

Malgré la démocratisation récente du statut, les travailleurs autonomes restent une espèce un peu à part aux yeux de beaucoup d’organismes…

 

Responsabilité personnelle : en cas de problèmes comme une faillite, le travailleur individuel est personnellement responsable, ce qui pourrait entrainer par exemple la saisie de biens personnels.

On peut le voir comme le prix à payer pour la liberté et l’indépendance totale : la responsabilité totale.

 

Impôt progressif aux particuliers: lorsque vous êtes salarié, votre salaire est un revenu net, où les impôts sont déjà déduits. Lorsque vous êtes travailleur autonome, ce sera à vous de déduire ces impôts de votre propre revenu.

Plus le chiffre d’affaire est élevé, plus cet impôt pourra être élevé. Il est ainsi important de penser à mettre de côté pour cet impôt.

Travailleur autonome VS salarié

3 – Les avantages du salariat

Stabilité financière : Après une période d’essai, le salarié est embauché avec un contrat de travail, qui lui garantit la régularité d’un salaire fixe tous les mois, et par année.

Une tranquillité d’esprit et une sécurité financière qui peuvent êtres précieuses pour beaucoup, et déterminer plusieurs projets de vie.

 

Avantages sociaux : La couverture sociale est précieuse, surtout au Québec et au Canada pour pouvoir rembourser les prestations de santé qui ne sont pas inclues dans l’assurance maladie de base, comme des soins chez le dentiste ou des nouvelles lunettes de vue.

Les programmes d’assurances collectives varient selon les entreprises, mais c’est un des grands arguments pour le salariat : les avantages sociaux, et pouvoir se rembourser des prestations chez le dentiste, chez l’opticien, etc…

 

Congés payés : Jour fériés payés, quelques semaines de congés payés par année : un luxe que peuvent se permettre les salariés : avoir la possibilité de prendre des vacances bien méritées tout en ayant un salaire qui continue à rentrer.

Le drink sur la plage est encore meilleur quand on sait qu’on est payé cette journée-là.

 

Chômage : Encore plus dans le contexte économique actuel, personne n’est à l’abri d’une récession économique, d’un imprévu, ou simplement un changement dans la vie de l’entreprise qui peut mener à la fin d’un contrat de travail.

Le salarié qui perd son travail pourra retomber sur ses pattes en bénéficiant de l’assurance emploi et d’un droit au chômage. Un filet de sécurité qui peut être

 

Capacité de crédit et financement : Aux yeux d’une banque ou d’une institution financière, la sécurité et stabilité monétaire sont des facteurs clés lorsqu’on parle d’une carte de crédit, d’emprunts, comme de faire un prêt et négocier une hypothèque pour l’achat d’une maison par exemple.

Être salarié peut ainsi ouvrir plus de portes pour faire des projets à long terme, construire un avenir.

 

Impôts déjà prélevés dans le salaire : Un salarié n’a pas besoin de se casser la tête avec une déclaration de revenus compliqué, ou encore de prévoir le fait que des taxes vont être prélevées sur son salaire : les impôts sont déjà ponctionnés dans la paye du salarié.

Ce sont ces impôts qui lui permette notamment de bénéficier d’avantages sociaux, de congés payés, de cotisations retraite, etc.

 

Protection et droits du travail : Un salarié est couvert par la loi sur les normes du travail, et peut bénéficier de l’aide d’organismes comme la CNESST pour défendre ses droits au besoin, contre toute forme d’abus dans le cadre de son travail.

C’est ce qui le protège et lui garantit des bonnes conditions de travail au quotidien.

 

4 – Inconvénients du salariat

Horaire imposé, moins de flexibilité : Même si de plus en plus la flexibilité et l’aménagement des horaires se développent dans les entreprises, notamment avec l’explosion du télétravail, le salarié reste attaché à un horaire par son contrat de travail.

Son employeur exige un certain nombre d’heures par semaine, souvent à un horaire et un lieu imposés.

 

Moyens de travail imposés : Le salarié se doit d’honorer le contrat de travail qui le lie à l’employeur, et celui-ci lui dicte notamment, dans la plupart des cas, les moyens et la méthode de travail.

Dans ce contexte, l’employé n’a pas vraiment le choix de choisir la manière dont il veut travailler.

 

Travail routinier, moins de changement : Être employé d’une entreprise, c’est rester dans le même milieu d’activité chaque jour, et parfois rester dans les mêmes missions avec les mêmes personnes, les mêmes collègues, les mêmes supérieurs.

Une routine qui peut avoir ses avantages comme ses inconvénients lorsqu’on a besoin de souffler et d’un peu d’air frais.

 

Travailleur autonome VS salarié

Deux statuts, deux modes de vie différents

Vous l’aurez compris : pour exercer un même métier, ces deux statuts sont totalement différents, et peuvent correspondre à deux modes de vies différents.

D’un point de vue relation d’affaires, la relation employeur-employé est différente de la relation fournisseur-client.

Le travailleur autonome vole de ses propres ailes et jouit d’une liberté de lieu, d’horaire et de choisir ses clients, mais cette flexibilité vient à un prix : moins d’avantages sociaux et de protection, moins de sécurité et de stabilité, plus de responsabilités.

De l’autre côté, le salarié peut se reposer sur un revenu garanti et régulier, avec moins de risque financier, et compter sur une protection des droits du travail, une assurance emploi et maladie.

Cependant, il devra se conformer aux exigences de son employeur : horaires, lieu de travail et méthodes employées, ainsi qu’on aspect routinier et réplétif de la nature de son travail.

Sur un critère économique, on pourrait aussi évoquer la variation des salaires et des taux horaires, qui peuvent être différents selon le contexte de travail, indépendant ou employé.

 

Exemple de cas : Marie et Pierre, infographistes

Marie est infographiste à son compte dans le domaine du plein air. Elle réalise des contrats pour plusieurs enseignes de vêtements, un blog sur la randonnée et parfois pour une association.

Pierre est infographiste salarié pour une grande marque de plein air et randonnée: il est chargé du volet vêtements.

 

Les deux font exactement le même métier : ils font de la mise en page avec Illustrator et arrangent des images avec Photoshop, souvent dans les mêmes thématiques.

Et pourtant, leur mode de vie est totalement différent. Marie est plus du matin, elle aime travailler très tôt et se laisser l’après-midi de libre, puis retravailler au calme le soir.

 

Pierre aussi, mais malheureusement il n’a pas le choix : le bureau de son entreprise n’ouvre qu’à 9h, et ferme à 18h.

 

Cependant, le vendredi à 18h, sa semaine est finie et il n’a plus à y penser. Si Marie n’a pas fini son projet vendredi soir, il se peut qu’elle continue jusqu’à minuit et travaille la fin de semaine car elle veut le rendre le projet à son client le lundi matin.

 

En plus, Marie a été malade il y a deux semaines, elle n’a rien pu faire pendant quelques jours, et elle a dû travailler deux fois plus pour rattraper son retard, pour livrer à temps et ne pas perdre son contrat.

Car son client n’aurait pas été content, et il aurait fait appel à quelqu’un d’autre.

 

Pierre aussi a été malade le mois dernier. Masi grâce à son assurance collective, il a pu prendre quelques jours de congé maladie pour récupérer, et après une visite chez le médecin, tous ses médicaments ont été remboursés.

 

Et il a pu reprendre son travail quelques jours plus tard.

Pierre s’est fait plaisir : il est parti cet hiver dans le Sud, une semaine de congé payé, il en a bien profité, même si la période était achalandée.

 

Marie aussi s’est fait plaisir, elle est partie deux semaines, et hors-saison, il y avait moins de monde sur la plage.

 

Mais ces deux semaines elle a dû économiser pour, et pendant ses vacances qu’elle s’offre, elle n’a aucune rentrée d’argent.

 

La période est difficile. Suite au confinement et aux restrictions de voyages, l’industrie de tourisme et du plein air connaît un ralenti.

 

Pierre n’est pas inquiété, son entreprise a les reins solides et son emploi n’est pas menacé.

Et même s’il se faisait licencier un jour, il aurait le droit de toucher le chômage pendant un an pour se remettre sur pied.

 

Marie n’a pas l’esprit tranquille : deux de ses clients réguliers ne peuvent plus lui donner de contrats, une coupe importante dans sa paye.

 

Il va falloir qu’elle se trouve de nouveaux projets payants si elle veut maintenir son train de vie, sinon elle devra se serrer la ceinture.

 

Pour joindre l’utile à l’agréable, elle a décidé d’aller passer un mois chez ses parents, un chalet en région avec beaucoup de nature autour.

 

Un cadre inspirant et un endroit qui lui fait du bien, elle peut travailler de là-bas car il y a une connexion Internet.

 

Pierre aimerait bien changer d’air car certains de ses collègues lui tapent sur les nerfs et il en a marre de faire toujours les mêmes guides de montagne, il a fait le tour depuis toutes ces années.

 

Mais il n’a pas le choix, en plus il vient de s’acheter une maison, des dépenses arrivent, le crédit, l’hypothèque : il attendra ses prochaines vacances l’année prochaine pour souffler un peu.

 

En attendant, il a la sécurité de faire rouler ses paiements, assurer les crédits.

Marie de son côté, était contente d’avoir réussi un beau chiffre d’affaire cette année.

 

Mais elle vient de faire sa déclaration d’impôts et Revenu Québec lui réclame un gros montant d’impôt. Heureusement qu’elle avait un peu d’épargne de côté…

 

Ainsi Marie et Pierre exerce le même métier avec des styles de vies totalement différents : là où l’un a des avantages, l’autres a des inconvénients, et vice-versa.

À LIRE AUSSI

Laisser un commentaire

* En utilisant ce formulaire, vous acceptez le stockage et le traitement de vos données par ce site web.