C’est un terme qu’on entend de plus en plus, et vous vous posez peut-être la question : qu’est-ce que le statut de travailleur autonome, et qu’est-ce qu’il implique? Que veut dire devenir un freelance?
Aujourd’hui près de 600 000 québécois et québécoises ont fait le choix d’être travailleurs autonomes, soit 15% de la population active, et près de 2,7 millions de canadiens et canadiennes.
Que vous soyez déjà à votre compte ou que vous envisagiez éventuellement de le devenir, voici un tour d’horizon de ce statut pour vous aider à y voir plus clair.
Qu’est-ce qui définit le statut de travailleur autonome
Selon Revenu Québec, vous êtes considéré travailleur autonome lorsque vous avez le libre choix des moyens d’exécution de votre contrat de travail, donc le choix et la propriété des outils et méthodes, et si vous n’avez aucun lien de subordination avec votre client, la personne qui vous paye pour ce travail.
Par définition, un travailleur autonome est donc un travailleur indépendant.
Il peut choisir pour qui il travaille, pour quels clients, et il peut choisir d’effectuer son travail comme bon lui semble, en terme de moyens et d’horaires, et de lieu de travail.
C’est d’ailleurs cette liberté et flexibilité qui en font un statut très prisé, comptant de plus en plus d’adeptes de nos jours.
Cependant, cette indépendance vient avec certaines contraintes et conditions, qui sont à considérer dans votre projet professionnel.
La forme juridique : l’entreprise individuelle
Lorsque vous êtes travailleur autonome, vous appartenez légalement à la catégorie de l’entreprise individuelle.
Autrement dit, il n’y a pas de dissociation entre votre personne et votre entreprise. Vous facturez à votre propre nom, et toutes les démarches légales sont liées à votre nom.
Les dépenses, profits ou pertes sont liées à la personne individuelle qui gère l’entreprise. Vous êtes la seule personne responsable.
Contrairement par exemple à une entreprise incorporée, où la personne morale représentant l’entreprise est dissociée de la personne individuelle.
Statut travailleur autonome : pour quels métiers?
Il nous vient parfois un cliché du travailleur autonome qui travaille à la terrasse d’un café ou dans son salon avec un ordinateur portable.
Cela peut être le cas pour plusieurs activités de services dans les secteurs de l’administration, la comptabilité, le commerce et la revente, l’informatique, la communication, la gestion, la rédaction et journalisme, les arts, le graphisme, l’infographie, le web ou encore le conseil aux entreprises.
On parle alors de pigistes, de consultants ou de contracteurs, qui vont facturer leurs services à des entreprises ou particuliers.
Certains professionnels comme des avocats ou agents immobiliers peuvent aussi décider de se lancer en autonome, et avoir leur bureau à la maison.
Mais il existe une variété de métiers hors « bureautique » qui peuvent être exercés en travail autonome, c’est-à-dire qu’ils peuvent être exercés par une personne individuelle à son propre compte.
On peut penser à tous les entrepreneurs dans le domaine de la construction ou rénovation, électriciens, couvreurs, menuisiers, plombiers ou jardiniers par exemple.
Les services à domicile divers, que ce soit en garderie, services pour les animaux, services à la personne, conciergerie, coiffure, massothérapie, ou encore la vente d’articles au porte-à-porte.
Les activités de chauffeur comme Uber, Door Dash, Skip et autres applications de livraison sont également des travailleurs autonomes.
Beaucoup d’artistes optent aussi pour le statut de travailleur autonome : musiciens, écrivains, artistes peintres, luthiers, tatoueurs, acteurs, techniciens du spectacle et du cinéma et autres métiers créatifs.
Les avantages du travailleur autonome
Liberté et flexibilité : Selon la nature de votre travail, vous pouvez choisir de l’effectuer de la manière dont vous voulez, à l’endroit où vous voulez, aux horaires où vous voulez.
Vous bénéficiez donc d’une grande flexibilité, un avantage de taille pour concilier d’autres projets de vie ou d’autres projets professionnels par exemple. En devenant travailleur autonome vous devenez votre propre patron, et décidez de chaque aspect lié à votre activité.
Quantité de travail modulable : Selon votre activité et votre réseau, et les opportunités qui s’offrent à vous, vous pouvez aussi gérer la quantité de votre travail.
Vous pouvez prendre un maximum de contrats dans un mois pour générer plus de revenu en travaillant beaucoup d’heures, ou choisir de moins travailler certains mois pour vous consacrer à d’autres projets.
Choix des contrats et des clients : En tant qu’indépendant, vous pouvez choisir la nature de vos contrats de travail, opter pour des projets qui vous tiennent à cœur, des missions qui vous motivent plus.
Vous pouvez également vous permettre de choisir vos clients, de travailler avec un certain type d’entreprise ou de particuliers qui vous intéressent plus.
Vous pourriez ainsi avoir plus de maîtrise de vos conditions de travail.
Simplicité de gestion et création : Il est relativement facile de se lancer, il suffit de facturer vos prestations à vos clients, et de déclarer votre revenu total lors de votre déclaration d’impôts.
L’immatriculation au Registre des Entreprises n’est pas nécessaire si vous facturez à votre nom, et l’inscription à la TPS et TVQ n’est pas obligatoire pour des revenus égaux ou inférieurs à 30 000$ par année.
Vous n’avez donc pas l’administration et les papiers plus compliqués à gérer de ce côté-là. La déclaration de revenus reste relativement simple.
Avantages fiscaux : Vous pouvez bénéficier de certains crédits d’impôts aux particuliers. Vous pouvez aussi déduire de votre impôt plusieurs dépenses, lorsqu’elles sont liées à votre activité professionnelle.
Si vous travaillez de la maison, vous pourriez ainsi déclarer une partie de votre loyer ou de votre hypothèque, l’achat de certaines fournitures, un pourcentage de votre abonnement Internet, etc.

Les inconvénients du travailleur autonome
Moins de stabilité et sécurité : Vous êtes en charge de trouver vos propres clients et contrats de travail. Ce qui veut dire que votre revenu n’est pas garanti chaque mois, à l’inverse d’un employé par exemple, qui a cette sécurité du travail.
Même si selon le secteur d’activité vous pourriez avoir de longs contrats, c’est à vous d’assurer la régularité de vos revenus selon vos besoins. En termes de sécurité financière et de régularité, vous devez être préparé à cette optique parfois moins stable.
Pas d’avantages sociaux : Contrairement aux employés des entreprises qui peuvent bénéficier d’avantages sociaux comme les congés payés, les congés de maladie, les fonds de pension (REER) et les régimes collectifs complémentaires d’assurance-maladie, d’assurance-vie, d’assurance dentaire ou invalidité, les travailleurs autonomes doivent assumer la plupart des frais eux-mêmes.
Un aspect à considérer par exemple au niveau des dépenses de santé, visites chez le médecin ou chez le dentiste.
En cas de perte d’emploi, comme la perte d’un de vos clients, vous n’aurez pas forcément de chômage.
Certaines prestations d’assurance emploi sont proposées par le gouvernement du Québec, mais elles ne sont pas aussi avantageuses que celles des employés. Un travailleur autonome n’est pas protégé par la loi sur les normes du travail.
Taxes et impôts à prévoir : Lorsque vous êtes employé, les impôts sont directement prélevés sur votre paye et vous recevez dans votre compte le salaire net, vous n’avez pas à vous soucier d’autres prélèvements.
Lorsque vous êtes travailleur autonome, vous encaissez dans votre propre compte les revenus de votre activité, mais l’impôt n’est pas déduit.
Après avoir fait votre déclaration de revenus et selon votre chiffre d’affaire, il vous faudra payer des taxes sur ce revenu.
Vous devez ainsi penser à mettre de côté pendant l’année pour prévoir cette dépense. La capacité d’épargner est ici importante.
Responsabilité individuelle : Tout comme les profits, les dettes aussi sont au nom du travailleur autonome.
Toute contrainte légale, juridique ou financière est ainsi à votre propre nom. En cas de faillite par exemple, ou de poursuites, des saisies pourraient s’appliquer aux biens de votre entreprise, mais aussi à vos biens personnels.
Cette responsabilité totale est en quelque sorte le prix à payer pour l’indépendance totale du statut de travailleur autonome.
Comment savoir si le travail autonome est fait pour vous ?
Nous avons pu aborder plusieurs aspects du statut de travailleur autonome, faire le tour de certains avantages et inconvénients à prendre en compte selon vos projets d’avenir et votre mode de vie.
La liberté rêvée et l’indépendance du travailleur autonome viennent à un certain prix.
D’un point de vue sécurité d’emploi, il faut que vous soyez conscient que devenir travailleur autonome ne vous donnera pas forcément la stabilité du statut d’employé.
Selon votre secteur d’activité et la force de votre réseau, il faut être prêt à envisager les risques, et à faire preuve persévérance pour s’assurer suffisamment de contrats.
C’est pourquoi beaucoup de professionnels décident de se lancer en travailleur autonome en ayant déjà une carrière et un carnet d’adresse bien établis.
Qui dit autonomie dit également discipline, et prévoyance. Comme nous l’avons évoqué, plusieurs frais et dépenses seront à votre charge, ce sera à vous d’assurer de mettre de côté les fonds nécessaires, comme pour la retraite ou les dépenses de santé par exemple.
Certains travailleurs autonomes utilisent ce statut pour exercer une activité en parallèle, on the side, un complément de revenu en plus d’un travail à temps plein ou à temps partiel.
Si vous avez un peu de temps libre et un projet à lancer, ce statut peut-être intéressant.
Et vous permettre d’éventuellement rendre ce projet viable et en faire votre activité principale.
Anecdote : l’origine du terme freelance?
Des francs-lanciers? Vous serez peut-être amusés de savoir que le terme « freelance », littéralement « lance libre », remonte dans l’Histoire aux temps du Moyen Âge et de la Renaissance.
Il désignait des soldats à louer, des mercenaires qui offraient leur lance, leurs services d’armes.
L’anglicisme s’est intégré à la langue française au fil du temps, et l’expression s’est plus tard étendue aux travailleurs indépendants.
Alors si cela vous parle, devenir travailleur autonome pourrait faire de vous un mercenaire des temps modernes!
Liens utiles :
Revenu Québec : https://www.revenuquebec.ca/fr/citoyens/travailleurs-autonomes/votre-statut/criteres-pour-determiner-le-statut/
Guide sur Educaloi : https://educaloi.qc.ca/capsules/lentreprise-individuelle-travailleur-autonome/#:~:text=Le%20travailleur%20autonome%20peut%20organiser,son%20compte%20par%20exemple)%3B
Vidéos utiles :
Une entrevue TV de la directrice des contenus de Joboom Canada, Patricia Richard, qui explique plus en détail le statut de travailleur autonome au Québec. Elle dresse un bilan du développement du statut, donne des conseils pour développer une activité, monter une offre de service, et étudie les divers domaines d’activité.
La chaîne française Clem & Mumu : un guide du freelance un peu plus tourné vers les nouveaux arrivants dressant un rapide guide des étapes pour se lancer en entreprise individuelle au Québec, les démarches, les taxes, les impôts, l’incorporation.
Conférence avec Martine Letartre sur la chaîne Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Une longue vidéo où la journaliste raconte sa propre expérience comme travailleur autonome, faisant le tour de différents aspects comme le développement du réseau et des contacts, le fait de mettre de côté ou encore la gestion du temps de travail.