CELI ou REER : quel est le meilleur choix pour les travailleurs autonomes ?

Par Bruno Maniaci
epargne travailleur autonome

C’est souvent la grande question et le débat quand on en vient à parler d’épargne et de stratégies de planification financière : vaut-il mieux choisir un CELI, un compte d’épargne libre d’impôt, ou un REER, un régime enregistré d’épargne-retraite ?

Nous verrons qu’il n’existe évidemment pas de bonne réponse à cette question, mais que chaque cas est différent. Si certaines situations et perspectives feront pencher la balance vers l’un ou vers l’autre, le CELI et le REER peuvent également être liés et coexister dans un plan d’épargne bien géré.

Taux d’imposition, droits de cotisation, revenus de placement, revenu imposable : plusieurs facteurs et éléments sont à prendre en compte lorsqu’on considère ces placements, et lorsqu’on veut anticiper au mieux nos projets de vie en tant que travailleur indépendant au Québec.

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CELI et REER, deux placements libres d’impôts

Il convient d’abord d’expliquer en quoi consistent ces deux solutions de placement.

Il faut savoir que si on parle souvent de ce duo, c’est que ce sont des placements libres d’impôt : l’argent que vous accumulez ainsi que les intérêts générés ne seront pas taxables, ils croissent à l’abri de l’impôt.

C’est sur d’autres points que les deux se différencient, ayant chacun leurs avantages fiscaux et modes de fonctionnement.

 

1 – Le CELI : l’option court / moyen terme plus flexible

Le compte d’épargne libre d’impôt est plus souvent conseillé pour des projets à court ou moyen terme comme l’achat d’une voiture ou des rénovations.

Cependant il est aussi possible de l’utiliser à plus long terme, et il peut en fait servir aussi pour une forme d’épargne-retraite. Avec son plafond et sa limite annuelle, c’est souvent le premier produit de placement qu’on choisit pour l’épargne en début de carrière.

Pour les nouveaux travailleurs autonomes, à qui il est conseillé de ne pas attendre pour se créer un coussin financier et mettre de côté, ce sera souvent une première étape.

Le CELI est plafonné en 2021 à 6 000 CAD, mais c’est un montant qui peut changer chaque année. Ainsi sur dix ans par exemple, on ne peut pas calculer le montant maximal en faisant 10 x 6 000, puisque le montant annuel pourrait changer l’année suivante.

Les droits de cotisation s’accumulent dès que vous êtes majeur et résident canadien. Pour calculer le total de vos droits, il faudra donc additionner les différents montants en fonction des années qui vous concernent.

Par exemple si vous aviez 18 ans en 2009, et que vous étiez résident canadien, le total de cotisation pour un CELI en 2021 sera de 75 500 CAD.

Les avantages du CELI

C’est d’abord la flexibilité qui fait l’attrait du CELI. Il est possible de faire des retraits de ce compte, et même de reporter les droits de cotisation inutilisés, tant que le montant maximum du cotisant n’est pas dépassé.

Ainsi si vous retirez 5 000 CAD cette année, vous pourrez remettre l’année suivante 5 000 + la différence de l’année précédente (celle du retrait) + les droits de cotisation pour l’année en cours.

Cette flexibilité est intéressante pour financer certains projets à moyen terme, par exemple l’achat d’un véhicule pour votre entreprise, ou d’un nouvel ordinateur.

Contrairement à un REER, les fonds ne sont pas bloqués et sont donc disponibles au besoin, même en cas de coup dur par exemple, si vous avez un mois difficile.

C’est aussi un produit qui est très facile à mettre en place, que ce soit avec un compte Desjardins par exemple, la plupart des banques proposent l’ouverture d’un compte CELI en quelques clics.

Enfin, c’est un produit intéressant pour une stratégie d’investissement à long terme, puisque les montants cotisés et les revenus générés ne sont pas imposables, ce qui permet une croissance d’épargne exonérée d’impôt.

Les inconvénients du CELI

Le CELI ne permet pas de réduire son revenu imposable, comme peut vous permettre un REER.

C’est un aspect à considérer dans une stratégie d’épargne et surtout dans les taux d’imposition.

D’où l’importance de parfois bien calculer, et éventuellement faire appel à un planificateur financier pour bien évaluer ses placements.

Le CELI est aussi un placement limité, puisqu’il a un plafond de cotisation annuel.

Le montant total de vos droits de cotisations sera l’addition de tous les montants maximums de CELI depuis l’année de vos 18 ans.

On peut mentionner ici la certaine instabilité de ce plafond et donc de la capacité d’épargne : en 2015 le plafond était à 10 000 CAD, puis il était à 5 500 CAD en 2017 : des variations qui sont créés par le gouvernement fédéral du Canada.

Pour finir sur les limites, le CELI ne permet aucune cotisation excédentaire, et il faut donc faire attention aux pénalités si on dépasse.

Dans sa flexibilité qui est en apparence un avantage, on peut y voir aussi un inconvénient, car c’est de l’argent qui est trop facile d’accès dans un sens, puisqu’on peut le retirer sans frais.

Et il peut alors être difficile de ne pas y toucher, contrairement à un REER où l’argent que vous mettez ne bougera pas jusqu’à votre retraite, ou un projet de maison ou d’études.

En gros, le CELI est un coffre dont vous avez la clef dans la poche, alors que le REER est un coffre dont la clef vous sera remise seulement à votre retraite, ou bien il vous faudra faire beaucoup de démarches pour la récupérer avant, sous conditions.

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2 – Le REER : l’option pour de plus gros revenus et projets à long terme

Le Régime Enregistré d’épargne retraite permet d’accumuler tout au long de sa vie active des fonds de pension qui serviront pour la retraite.

S’il est habituellement réservé aux employés puis que ce sont les employeurs qui payent les cotisations à ce régime, les travailleurs autonomes peuvent aussi y avoir accès, en se versant un salaire par exemple.

C’est un régime qui est conçu pour des projets à long terme.

Il servira exclusivement à assurer un revenu de retraite à la fin de votre vie active.

Il sera alors transformé en FERR, fond enregistré d’épargne-retraite, converti en versement mensuels.

Mais le REER peut aussi servir l’achat d’une première maison via le régime d’accession à la propriété, ou pour financer un projet d’études avec le REEP, le régime d’encouragement à l’éducation permanente.

Les avantages du REER

Le REER est outil qui peut être utilisé pour optimiser votre fiscalité puisqu’il permet de réduire votre taux d’imposition, en déduisant de vos revenus les cotisations au REER.

Ceci permet, selon les paliers d’imposition au dépôt ou retrait, d’optimiser une stratégie d’épargne en optimisant les montants imposables.

Vous pourriez donc faire baisser votre revenu imposable pour payer moins d’impôts. De plus, la capacité d’épargne est plus importante que dans un CELI, puisqu’elle est fixée à 18% du salaire annuel, avec un maximum de 27 830 CAD en 2021.

Vous pouvez même faire une cotisation excédentaire de 2000 CAD C’est donc des montants beaucoup plus élevés que le CELI, est c’est pourquoi les REER sont en général plus prisés des travailleurs autonomes avec des chiffres d’affaires plus importants.

Selon certains experts financiers, en considérant les paliers d’impositions, il ne serait pas très avantageux pour un travailleur autonome de cotiser dans un REER avec un revenu inférieur à 49 020 CAD, selon le cas.

Cependant, dans un contexte familial par exemple, le REER peut s’avérer très avantageux peu importe le revenu, car il permet de faire baisser le revenu total familial imposable, et ainsi d’être éligible à certaines aides gouvernementales comme les allocations familiales.

Les inconvénients du REER

L’argent placé dans un REER n’est pas accessible, en cas d’urgence par exemple, vous ne pourrez pas retirer cet argent sans devoir payer l’impôt sur les sommes retirées, et dans tous les cas vous ne pourrez pas le retirer sans être taxé sur ce retrait.

Seulement deux cas de figures peuvent vous permettre d’utiliser cette épargne : l’achat d’une première maison, ou le financement d’un projet d’éducation, retour aux études par exemple.

C’est donc un processus assez compliqué pour profiter de cette épargne en dehors de la retraite.

Par exemple si vous avez 100 000 CAD dans votre REER et que vous voulez les retirer, il vous faudra payer le 33% d’impôt, donc en réalité il vous restera un peu moins de 70 000 CAD après le retrait.

De plus, le retrait d’un REER s’ajoute à l’ensemble de vos revenus, et pourrait ainsi faire augmenter votre taux d’imposition.

C’est donc encore des calculs subtils qu’il vous faudra mettre en place pour un plan d’épargne sur le long terme avec un REER.

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Combiner un CELI et un REER ? Si on est souvent tenté de rapidement considérer l’un ou l’autre, ils sont aussi envisageables ensemble. En effet, vous pouvez commencer par épargner dans un CELI, pour ensuite, lorsque vos revenus augmentent, ouvrir un REER pour y placer l’argent du CELI. Le CELI peut aussi représenter un coussin financier en parallèle de l’épargne d’un REER. Cependant jongler entre les deux peut-être un exercice délicat nécessitant l’expertise d’un conseiller financier.

 

Du cas par cas, des projets de vie différents : retraite, maison, etc.

Ainsi il n’y a pas de meilleur produit de placement pour les travailleurs autonomes entre le CELI et le REER, tout dépendra de la situation financière de chacun, et des objectifs de vie, de l’âge, de l’argent de côté déjà accumulé, et d’autres multiples facteurs qui feront pencher la balance d’un côté ou de l’autre, ou encore de planifier une stratégie incluant les deux.

Dans tous les cas, et surtout pour les travailleurs autonomes dont la mise en place de certains produits peut être compliquée, il est recommandé de faire appel à un conseiller financier pour déterminer la meilleure option, et gérer en conséquence vos finances personnelles.

Si vous planifiez d’acheter une maison dans les prochaines années, le REER peut-être la meilleure option. En vue de la retraite, le REER sera aussi une option intéressante à condition de pouvoir cotiser suffisamment.

Cependant, certains types de produits possibles dans le CELI comme les fonds communs de placement peuvent aussi représenter des solutions pour la retraite, ne serait-ce que pour représenter un supplément de revenu.

Car un travailleur canadien peut aussi bénéficier d’autres options de régime de retraite comme le RRQ, Régime de Rentes du Québec, ou la Pension de la sécurité de la vieillesse.

Pour aller plus loin vous pouvez consulter notre article sur l’épargne-retraite pour les travailleurs autonomes.

La question du revenu annuel du travailleur autonome sera aussi déterminante, ainsi que le jeu avec les tranches d’imposition impliqué par exemple par des cotisations REER, pouvant nous faire changer de taux d’imposition.

Certains conseillers financiers préconisent d’attendre de franchir le pallier des 49 020 CAD pour commencer à cotiser profitablement à un REER.

D’autres, préconisent d’attendre le palier des 75 000 CAD pour commencer à cotiser à un REER.

Mais encore une fois, tout sera différent dépendamment de votre projet de vie, que ce soit l’achat d’un nouveau véhicule, d’une première maison, le financement d’un projet d’études, ou mettre de l’argent de côté pour la retraite avant tout, et prévoir des fonds de pensions réguliers, ou plutôt s’assurer un coussin financier accessible à tout moment : chaque vie est différente !

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