Les différents placements possibles pour un travailleur autonome

Par Bruno Maniaci
placement financier travailleur autonome

Que vous soyez sur le bord de rejoindre les milliers de travailleurs et travailleuses autonomes au Québec ou que vous soyez déjà indépendant, vous lirez et vous entendrez ce conseil partout : il est essentiel de prévoir et de mettre de l’argent de côté quand on devient son propre patron.

Peu importe vos projets de vie : retraite, achat d’une maison, projets à court terme ou long terme. Alors, quels sont les différents placements possibles ?

Entre le REER, CELI, RVER, FERR ou encore RRQ, comment s’y retrouver, et quels sont les meilleures solutions d’épargne pour les travailleurs autonomes au Québec ?

Nous essaierons dans cet article de faire un tour d’horizon non exhaustif des principales options qui s’offrent à vous, pour vous aider à y voir plus clair et choisir ce qui correspond le mieux à votre situation de travailleur indépendant, afin de pouvoir planifier la meilleure stratégie pour vos finances personnelles et vos projets d’avenir.

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Le REER : Régime Enregistré d’Epargne-Retraite

A l’inverse des employés, les travailleurs autonomes canadiens n’ont pas leur salaire prélevé directement à la source pour cotiser pour certains avantages sociaux, dont les REER, un des régimes de retraite les plus populaires.

Cependant il est possible pour les travailleurs autonomes d’en ouvrir un eux-mêmes en vue de la retraite. En règle générale, c’est le placement le plus avantageux pour des projets sur le long terme, même si le choix de ce régime peut aussi dépendre de votre revenu de travailleur autonome.

Avantages du REER : Les remises et crédits d’impôt sont intéressants. C’est un outil de placement qui offre des possibilités d’investissement pouvant générer un taux de rendement élevé, et donc vous permettre de faire fructifier votre épargne.

Et les REER sont déductibles d’impôt, vous pourriez donc faire baisser votre revenu imposable pour payer moins d’impôts.

Inconvénients du REER : Imposable lors du retrait. Par exemple si vous mettez 100 000 CAD dans votre REER, il vous faudra payer le 33% d’impôt, donc en réalité il vous restera un peu moins de 70 000 CAD. Aussi, un REER n’est utilisable que pour la retraite, ou pour un achat immobilier.

Ce n’est donc pas une épargne si flexible que vous pouvez utiliser à tout moment, même si plusieurs stratégies sont possibles.

Plus d’informations sur le REER sur le site du gouvernement fédéral

 

Le RPAC : Régime de pension agréé collectif

Le RPAC représente une alternative canadienne au REER, intéressante pour tous les travailleurs indépendants qui ne bénéficient pas de cotisations automatiques sur leur salaire comme des employés.

C’est donc une option de placement à considérer pour les travailleurs et travailleuses autonomes.

C’est un régime de retraite où les cotisations sont déterminées par le fournisseur, l’institution financière.

Avantages du RPAC : C’est un régime avec une fiscalité avantageuse puisque les cotisations sont déductibles d’impôt et non imposables avant le retrait.

Il est relativement simple et peu couteux à mettre en place.

Et pour les travailleurs autonomes, il peut représenter l’opportunité de joindre un groupe et ainsi bénéficier d’un régime collectif un peu comme dans une entreprise.

Inconvénients du RPAC : Le taux de cotisation et le choix des placements est établit par le fournisseur, ce qui laisse moins de liberté au contribuable.

Les fonds peuvent être retirés seulement en cas d’invalidité ou de perte de résidence du Canada, autrement dit les retraits ne sont pas faisables avant la retraite.

Plus d’informations sur le RPAC le site de l’ARC

 

Le RVER : Régime Volontaire d’Epargne Retraite

LE RVER une autre version du RPAC, disponible au Québec seulement. Il est assez similaire.

C’est un régime volontaire d’épargne-retraite, donc encore une option intéressante pour les indépendants comme des travailleurs autonomes, qui n’ont pas accès automatiquement à une épargne-retraite.

Les avantages fiscaux sont les mêmes que pour un REER, pour le coté déductible d’impôt, mais ses frais de gestion sont moins élevés.

Avantages du RVER : Un des avantages pour l’épargnant est que le taux de cotisation est déterminé en fonction de sa capacité à épargner, et que l’épargne accumulée grandit plus vite en raison des faibles frais d’administration du régime.

C’est également un régime beaucoup plus simple à mettre en place qu’un REER pour les travailleurs autonomes. Il suffit de choisir un RVER qui est enregistré à Retraite Québec et de communiquer avec son administrateur.

Inconvénients du RVER : Il est moins flexible qu’un REER, puisqu’il n’est pas utilisable en dehors de la retraite pour l’achat d’une maison ou pour un projet d’études par exemple.

C’est donc un placement exclusivement réservé à la retraite avec moins de possibilités variées.

Plus d’informations sur le RVER sur le site de Retraite Québec

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Le FERR : Fond Enregistré de Revenu de Retraite

Le FERR permet de convertir un placement enregistré en un versement mensuel à partir de 55 ans si on prend sa retraite.

On parle donc ici d’un placement complémentaire à un placement enregistré comme le REER. Il permet ainsi de mettre en place et préparer des revenus mensuels lors de la retraite.

Par exemple, un REER sera automatiquement converti en FERR à votre retraite, au maximum à vos 71 ans, si vous n’avez pas retiré l’intégralité de votre REER.

Il doit préalablement être enregistré au fédéral auprès de l’Agence du Revenu du Canada.

Un FERR peut être constitué en transférant les fonds d’un REER, d’un RPAC, d’un RPA, d’un RPD ou encore d’un autre FERR.

Avantages du FERR : ce placement vous permet de commencer dès maintenant à mettre de côté pour votre revenu de retraite, c’est donc une bonne option pour sécuriser des fonds de retraite à l’abri de l’impôt, un impératif pour les travailleurs autonomes.

Inconvénients du FERR : Une fois que l’argent est placé dans le FERR, il ne pourra plus bouger jusqu’à son utilisation au moment de la retraite, après 65 ans. Contrairement au REER où l’argent peut éventuellement être retiré pour un projet de première maison ou de retour aux études.

Plus d’informations sur le FERR sur le site de l’ARC

Alternative complémentaire : le FRV : Le Fond de Retraite Viager est un FERR particulier qui sert essentiellement à pouvoir transférer des fonds d’un régime complémentaire de retraite, de cotisations versées dans un régime de pension comme un CRI, un compte de retraire immobilisé. Cependant contrairement au FERR qui n’a pas de plafond, le FRV est soumis au fédéral et permet seulement un certain retrait par année avec des montants minimums et maximums à respecter.

Le CRI : Compte de retraite immobilisé

C’est un compte qui sert principalement à transférer des fonds déjà accumulés pour la retraite.

Il permet par exemple de placer les revenus accumulés d’un régime de retraite comme un REER ou des fonds de pension d’un ancien employeur à un régime individuel à l’abri de l’impôt.

Avantages du CRI : Pour des nouveaux travailleurs autonomes qui commencent leur activité après une carrière en entreprise, le CRI peut être une solution pour transférer les fonds accumulés lors d’un emploi précédent, tout en restant à l’abri de l’impôt, et sans les retirer.

Inconvénients du CRI : Les fonds sont immobilisés jusqu’à la retraite, et contrairement à un REER, ils ne peuvent pas être retirés et utilisés pour un autre projet.

C’est donc un placement exclusif pour prévoir une retraite, qui devra être transféré dans un FRV, un fond de régime viager, pour être converti en revenu de retraite.

Plus d’info sur le CRI sur le site de Retraite Québec

Le RRQ : Régime de Rentes du Québec

Cette prestation de Retraite Québec est une option de revenu supplémentaire de retraite pour les travailleurs autonomes.

On peut le considérer comme un placement à travers les taxes.

C’est un impôt que l’on paye automatiquement auprès de Revenu Québec dès qu’un revenu de travail dépasse 3 500 CAD.

Suivant votre déclaration de revenus, vous pourriez avoir à payer des acomptes provisionnels, un impôt différé contribuant notamment au RRQ.

Il permet aux cotisants, s’ils ont cotisé suffisamment, de bénéficier de plusieurs types de protections financières, dont une rente de retraite équivalent à 25% du salaire, avec certaines conditions et montants maximum.

Les cotisations au RRQ prennent fin lorsque vous cessez définitivement votre vie active pour prendre votre retraite, ou bien si vous commencez à recevoir une rente ou assurance invalidité.

Les avantages du RRQ : Le RRQ peut représenter un important supplément de revenu en vue de la retraite, en plus d’un autre régime d’épargne retraite, ou d’autres placements, par exemple un CELI ou un REER.

Un des avantages du RRQ est d’être une rente garantie et indexée peu importe les fluctuations du marché du travail et financier, contrairement à d’autres régimes d’épargne privés.

Le RRQ peut donc être considéré comme une épargne stable et sans risque pour ses revenus de retraite.

Les inconvénients du RRQ : Il faut rester garder en tête que les prestations de RRQ ne seront pas suffisantes pour assurer un revenu principal.

Il est conseillé aux travailleurs autonomes de prévoir dans leur planification financière d’autres sources de revenu en passant par d’autres placements et options de régime de retraite.

Lisez plus sur le RRQ sur le site de Retraite Québec.

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Le CELI : Compte d’épargne libre d’impôt

Un CELI est un régime de placement enregistré dans lequel l’argent que vous placez, les gains obtenus et les retraits sont libres d’impôt.

L’argent qui fructifie dans ce compte est donc exonéré d’impôt. Contrairement à un REER qui est imposable au moment du retrait, le CELI n’a pas de restrictions pour être retiré.

C’est souvent un placement qui est conseillé pour commencer à épargner avec un revenu modéré, pour des objectifs à court ou moyen terme.

Pour ce qui concerne les projets de retraite, il sera utile pour les débuts, le temps de remplir au maximum un compte par exemple, avant d’éventuellement ouvrir un REER pour l’alimenter grâce aux gains du CELI, en cas d’augmentation des revenus de travail autonome.

Avantages du CELI : Les intérêts gagnés sont exonérés d’impôt, contrairement au REER.

Il est plus flexible que le REER par exemple, puisqu’il est possible de faire des retraits et d’utiliser cet argent, en cas de besoin.

Les montants des retraits sont aussi reportables : si vous retirez des fonds d’un CELI, vous pouvez remettre le montant retiré l’année d’après, en plus de vos droits de cotisation annuels et de tout droit de cotisation non utilisé.

Et à l’intérieur du CELI, il y a une variété de placement possibles : CPG (certificat de placement garanti), FNB (fonds négociés en bourse), actions, et plus. Dans une optique de retraite, il est conseillé d’opté pour des fonds communs.

Inconvénients du CELI : Les limites de cotisations.

Un CELI vous donne droit à un maximum de cotisations, qui est de 6000 CAD en 2021. Vous ne pourrez donc pas envisagez d’y mettre plus certaines années.

Et il faut aussi garder en tête, si on pense sur le long terme en vue de la retraite, que ce plafond peut changer avec la loi au cours des années, lorsqu’un gouvernement fédéral change par exemple.

Certains y voit aussi la flexibilité comme un inconvénient : il est trop facile à retirer, contrairement à un REER auquel on ne pourra pas toucher avant la retraite…

Lire plus sur le site de l’ARC : les CELI pour particuliers

CELI ou REER, lequel choisir ? Etant les deux placements les plus populaires au Canada, c’est souvent le débat qui se pose. Quel placement choisir ? Les deux sont en fait parfois liées dans la stratégie. En tenant compte des différents avantages fiscaux des deux options, c’est votre revenu annuel et la tranche d’imposition qui pourrait déterminer la réponse. Certains experts financiers estiment que si votre revenu annuel est inférieur à 75 000 CAD, il serait préférable de d’abord placer dans un CELI, pour ensuite ouvrir un REER une fois les cotisations maximales atteintes, puisque le montant d’un CELI est déjà imposé, et puisque les REER sont déductibles d’impôt : cela réduira votre montant imposable. Si vous êtes travailleur autonome et que votre revenu annuel génère déjà plus de 75 000 CAD par an, alors il est préférable de cotiser directement dans un REER pour pouvoir réduire son revenu imposable.

Le régime non enregistré

Le régime non enregistré est une option plus flexible puisqu’il n’y a aucun plafond fixé, et vous pouvez donc y déposer sans limite.

C’est donc l’avantage par rapport à la plupart des régimes enregistrés, même si ses rendements seront soumis à l’impôt sur le revenu, contrairement à un REER ou un CELI par exemple.

Avantages du non-enregistré : ce genre de placement peut-être une option si vous avez atteint le maximum dans vos cotisations dans un CELI ou un REER.

Il n’y a aucune limite sur les retraits ou les dépôts, les taux d’intérêts sont supérieurs à un compte d’épargne bancaire régulier, et il est aussi possible d’investir dans des fonds de placements pour faire encore plus fructifier cette épargne, comme des fonds communs de placement ou encore des fonds à intérêt garanti.

Inconvénients du non-enregistré : un régime non enregistré et ses rendements ne sont pas libres d’impôt, c’est-à-dire qu’à la fin de l’année, ce placement pourrait s’ajouter à votre revenu imposable.

Cependant il existe plusieurs stratégies pour réduire cette charge annuelle, soit en réduisant votre taux d’imposition établi selon le type de revenus, soit en reportant le moment où les rendements des placements deviennent imposables.

Pour aller plus loin : la brochure de Desjardins sur les comptes non enregistrés

 

La diversité des placements et des projets de vie

On peut ainsi voir qu’il existe au Québec et au Canada une variété de placements et de régimes d’épargnes disponibles pour les travailleurs et travailleuses autonomes, dont beaucoup présentent des options et variations possibles.

On peut principalement y voir deux catégories : les placements dirigés vers la retraite comme les REER et variations, pour du long terme et avec peu de flexibilité mais parfois plus de rendement dans les taux d’intérêt, et les placements plus libres et flexibles comme les CELI, plus pour des projets à court et moyen termes, mais qui peuvent aussi être considérés devenir des solutions de placements à long termes.

En somme, il sera encore essentiel de bien étudier chaque produit de placement en fonction de ses projets de vie, et pourquoi pas faire appel à un planificateur financier pour établir une stratégie la mieux adaptée à votre avenir, car il existe une multitude de solutions.

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